Encore un...

[Abeauc]

J'ai attendu un peu avant de poster et à vrai dire j'ai hésité bref...
Samedi en préparant les silos pour l'ensilage de dimanche, mon frère reçoit un coup de tel, un collègue agri du village l'appelait pour lui annoncer le suicide d'un de leur collègue du village voisin et membre de la cuma...
Une petite 40aine d'années et papa de 2 petits, éleveurs laitiers également bref la tristesse, y a pas de mot

[krokus]

s'est pas normal tout ses suicides en agriculture , il doit y avoir une ou des causes que l'on ne connait pas encore
surtout du jour au lendemain sans que l'entourage n'est le temps de réagir

[ghislain]

ça ne vient pas souvent d'un coup ,c'est plutôt un enfoncement progressif entrainant du travail par dessus la tete et ou des dettes qui augmentent et ou le conjoint qui en a marre de boucher les trous et ou...
un ouvrier ne brasse pas autant d'argent que nous et les banques ne leur pretent peut etre pas aussi facilement
Et puis le jour ou les rapaces tournant autour de l'agri voient qu'ils ne pourront peut etre pas recuperer leurs billes ,ils se dechainent sur l'agri alors que juste avant ils le caressaient encore
quand un agri a un cout de prod plus elevé que son prix de vente ,a chaque litre produit en + ,il s'enfonce un peu plus et personne pour l'aider à decortiquer la situation et tenter de trouver une solution quand il y en a une
Quand l'outil sophistiqué est acheté à credit ,quelle solution si la production ne permet de payer les annuités ? le revendre fera aussi une belle perte(seul celui qui revend et achete plus gros peu esperer faire un bon coup
Le suicide permet de ne pas voir mais laisse les proches dans le desarroi et ne liquide peut etre meme pas les emprunts

[jack77]

je crains que le phénomène ne s'amplifie cet automne ou cet hiver

[Ludo]

C'est dommage d'en arriver là. En agriculture on est trop fier pour dire stop on arrete tout et on passe a autre chose. On a trop de fierté et peur des reactions des collègues...

[jean-pierre-45]

les risques sont grands après ses années de chute des cours

[jean-pierre-45]

c'est souvent impossible de dire stop quand tu es engagé, les rapaces ne te laissent pas t'en sortir

[Ludo]

c'est souvent impossible de dire stop quand tu es engagé, les rapaces ne te laissent pas t'en sortir

Si ya toujours moyen, mais souvent l'agri ne veut pas et s'entête.

[alaindesalpes]

Dans les PME et chez les artisans, la faillite n'est pas facile à vivre mais c'est tellement courant que ceux qui arrêtent pour cause de liquidation arrivent peu ou prou à rebondir ailleurs.
En agriculture, il y a souvent le poids de l'héritage familial (la ferme est dans la famille depuis tant de générations....) que celui qui ne s'en sort plus a l'impression de trahir ses ancêtres, ce qui, dans un milieu traditionaliste comme est le milieu agricole est vécu comme le dernier des déshonneurs, ceci n'aide pas à faire face aux difficultés.
Et pourtant, combien se sont retrouvés coincés dans un système qui marchait peu ou prou lorsque les prix "se tenaient" mais qui est devenu intenable avec une baisse des prix (je pense au lait) ou des rendements (céréales , cette année).
Ce système du "toujours des prix plus bas" broie les plus vulnérables. C'est peut-être le prix à payer de l'économie anarchico-libérale, mais il est terrible!!
Vous allez penser que je fais du "Mélenchon dans le texte" et pourtant.....

[Le Gaumais]

C ' est pas du Mélenchon, c' est la pure réalité.
Je ne crains pas que l' on va vers une vague de suicide. Quand ça va mal, le monde agricole ne sais plus crier au loup que de cette manière. Cela en devient pathétique et ridicule.
Il n' y quasi plus de suicide " agricole" par ici depuis un bon moment.
Dieu merci, les mentalités changent. On sort de plus en plus du schéma décrit par Alaindesalpes. La situation est telle que les difficultés ne sont plus considérées comme une honte. Quasi plus personne ne s' en sort actuellement en agriculture, cela aide à relativiser.
Beaucoup trop de paysans ne se sentent exister que par le regard de leurs voisins. Ca aussi cela change.
Reste la situation financière sans issue. Sa vie vaut mieux que sa ferme. Pour ceux qui ont une famille d' autant plus .

[forbo17]

Je parlais un peu de ça avec mon père...
Et une phrase clé reviens souvent.

"Arrêter ? Mais pour faire quoi d'autre, a la place ? "  

[Chris19]

Le pire est à venir ... 16 ans d'installation sans connaître une année sans une crise, il faut être bien fait...
La sécheresse va faire beaucoup de mal , accompagné de la baisse dés cours de la viande ...

[Le Gaumais]

Et c ' est un peu vrai vu que rien ne va plus nulle part ( ou à peu près).
Mais cela ne pousse pas au suicide pour autant.
Par contre, ça en pousse beaucoup à continuer dans des conditions ( à tout points de vues) qui dépassent l' entendement.

[Le Gaumais]

Le pire est à venir ... 16 ans d'installation sans connaître une année sans une crise, il faut être bien fait...
La sécheresse va faire beaucoup de mal , accompagné de la baisse dés  cours de la viande  ...

Etre bien fait et avoir une sacrée force de caractère.
Ici, tout le monde continue sur l' air du " ça ira".

[Ludo]

Et dire que beaucoup nous envie car on touche des primes a gogo...

[Ludo]

Pour avoir travailler 8 ans a l'exterieur avant de m'installer, je me dis que finalement même si je gagne moins qu'avant j'ai quand même un autre confort de vie auquel je ne renoncerai pas aujourd'hui.

[baba]

Pour avoir travailler 8 ans a l'exterieur avant de m'installer, je me dis que finalement même si je gagne moins qu'avant j'ai quand même un autre confort de vie auquel je ne renoncerai pas aujourd'hui.

+100000000000000000000000000000000000000000000000

[ghislain]

Dans les PME et chez les artisans, la faillite n'est pas facile à vivre mais c'est tellement courant que ceux qui arrêtent pour cause de liquidation arrivent peu ou prou à rebondir ailleurs.
En agriculture, il y a souvent le poids de l'héritage familial (la ferme est dans la famille depuis tant de générations....) que celui qui ne s'en sort plus a l'impression de trahir ses ancêtres, ce qui, dans un milieu traditionaliste comme est le milieu agricole est vécu comme le dernier des déshonneurs, ceci n'aide pas à faire face aux difficultés.
Et pourtant, combien se sont retrouvés coincés dans un système qui marchait peu ou prou lorsque les prix "se tenaient" mais qui est devenu intenable avec une baisse des prix (je pense au lait) ou des rendements (céréales , cette année).
Ce système du "toujours des prix plus bas" broie les plus vulnérables. C'est peut-être le prix à payer de l'économie anarchico-libérale, mais il est terrible!!
Vous allez penser que je fais du "Mélenchon dans le texte" et pourtant.....

+1
trop d'agri marchent seulement "preu ou prou" quand les prix et rendements vont car un ratio n'est jamais regardé par les technicos de l'installation et ensuite par les comptables et banquiers ,le ratio revenu/Chiffre d'affaire
Quand ce ratio est trop bas ,le moins hic detraque durablement le système
Et en ajoutant le deshonneur de bouffer les biens de ses parents ,on voit le resultat helas

[jack77]

Et c ' est un peu vrai vu que rien ne va plus nulle part ( ou à peu près).
Mais cela ne pousse pas au suicide pour autant.
Par contre, ça en pousse beaucoup à continuer dans des conditions ( à tout points de vues) qui dépassent l' entendement.

et dans ces conditions, tu peux mettre encore un peu plus d'heures de travail chaque jour ( toujours pas rémunérées bien sûr); ce qui fait que le gus voit encore un peu moins sa femme et ses enfants ... En découle une fracture familiale alimentée par des "tu bosses tout le temps et y'a pas plus de pognon pour la maison ! "
Et quand on arrive au constat d'échec, il n'y a pas que l'échec professionnel à prendre en compte

[Le Gaumais]

Je suis tout à fait d' accord avec toi et c' est ce qui me dégoute le plus mais on part dans cette direction.

[jack77]

on n'est pas loin de considérer notre métier comme un joueur de poker invétéré :
"c'est une mauvaise passe, mais je vais me refaire, c'est sûr !"

[bucheron]

c'est souvent impossible de dire stop quand tu es engagé, les rapaces ne te laissent pas t'en sortir

Si ya toujours moyen, mais souvent l'agri ne veut pas et s'entête.

Ca, tu ne peux le dire que tant qu'il te reste de la réserve. Quand tu n'as plus un rond, tout ton entourage familial, professionnel, administratif qui te tombe dessus, plus de moral, que tu ne peux même plus aller au sein de ton troupeau parce que là aussi ça déconne faute de moyens, que tu n'as plus les moyens de partir ailleurs prendre l'air, t'isoler pour roupiller et laisser la cervelle se calmer, que tu n'as même plus la force physique d'aller te balader en foret te changer les idées, il n'y a plus toujours moyen. Quand tu en est là, il suffit que, quand tu finis par rentrer, tu trouve à ta porte l'huissier ou le facteur qui viennent te signifier que l'un avec qui tu avais convenu d'un plan d'aménagement ne tient finalement pas son engagement (La MSA est forte pour ça) et tu dégondes. Il ne faut pas longtemps alors pour trouver une solution et mettre un point final.

[lolo13430]

Lundi j'ai enterré un ami qui c'est pendu triste triste

[jean-pierre-45]

on n'est pas loin de considérer notre métier comme un joueur de poker invétéré :
"c'est une mauvaise passe, mais je vais me refaire, c'est sûr !"

et beaucoup pense pour ne pas perdre espoir que la prochaine année serait meilleure

[jean-pierre-45]

Dans les PME et chez les artisans, la faillite n'est pas facile à vivre mais c'est tellement courant que ceux qui arrêtent pour cause de liquidation arrivent peu ou prou à rebondir ailleurs.

ayant été et garder des contacts dans l'artisanat et l'industrie avant l'agricole, j'ai tout perdu suite à des impayés et suivit d'une liquidation je peut dire que se n'est pas mieux que l'agricole pour se reconstruire

[jean-pierre-45]

[quote="alaindesalpes"
En agriculture, il y a souvent le poids de l'héritage familial (la ferme est dans la famille depuis tant de générations....) que celui qui ne s'en sort plus a l'impression de trahir ses ancêtres, ce qui, dans un milieu traditionaliste comme est le milieu agricole est vécu comme le dernier des déshonneurs, ceci n'aide pas à faire face aux difficultés.
Et pourtant, combien se sont retrouvés coincés dans un système qui marchait peu ou prou lorsque les prix "se tenaient" mais qui est devenu intenable avec une baisse des prix (je pense au lait) ou des rendements (céréales , cette année).
Ce système du "toujours des prix plus bas" broie les plus vulnérables. C'est peut-être le prix à payer de l'économie anarchico-libérale, mais il est terrible!!
V[/quote]

quand c'est une reprise familiale c'est encore plus compliqué avec les freres et soeurs, du fait que les parents en avaient vécu

[Le Gaumais]

c'est souvent impossible de dire stop quand tu es engagé, les rapaces ne te laissent pas t'en sortir

Si ya toujours moyen, mais souvent l'agri ne veut pas et s'entête.

Ca, tu ne peux le dire que tant qu'il te reste de la réserve. Quand tu n'as plus un rond, tout ton entourage familial, professionnel, administratif qui te tombe dessus, plus de moral, que tu ne peux même plus aller au sein de ton troupeau parce que là aussi ça déconne faute de moyens, que tu n'as plus les moyens de partir ailleurs prendre l'air, t'isoler pour roupiller et laisser la cervelle se calmer, que tu n'as même plus la force physique d'aller te balader en foret te changer les idées, il n'y a plus toujours moyen. Quand tu en est là, il suffit que, quand tu finis par rentrer, tu trouve à ta porte l'huissier ou le facteur qui viennent te signifier que l'un avec qui tu avais convenu d'un plan d'aménagement ne tient finalement pas son engagement (La MSA est forte pour ça) et tu dégondes. Il ne faut pas longtemps alors pour trouver une solution et mettre un point final.

C ' est glaçant mais parfaitement bien décrit.
Ne pas se laisser emporter jusqu' à cet écueil, compliqué quand on veut y croire jusqu' au bout.
Et puis une ferme valait une petite fortune , voici quelques années, on en est loin désormais. Arrêter ne bouche plus les trous dans de plus en plus de cas. Alors on s' enfonce.

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