Inutiles les SDHI ? Certainement pas !
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Inutiles les SDHI ? Certainement pas !
Inutiles les SDHI ? Certainement pas !
Yvoir.fr le 18 avril 2018
« Potentiellement dangereux et en plus inefficaces ». C’est de cette façon que se termine l’article de libération d’hier à propos des SDHI, titré « Un nouveau danger dans nos assiettes ? » : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Potentiellement dangereux, peut-être. Encore que, après évaluation du risque, l’agence européenne (EFAS) a autorisé ces substances à la vente et considéré les risques acceptables. Mais nous ne sommes pas toxicologues !
Mais inutiles, là NON !! Certainement pas. Certes les SDHI(*) ont, comme presque toutes les familles de fongicides, été confrontés à des problèmes de résistance dont l’ampleur n’est pas encore complètement appréciée (sur orges principalement : Helminthosporium teres, Ramularia colo-cygni). Mais leur avenir est sur le plan technique très nettement devant nous. Sur blé, les résistances viennent seulement d’être détectées. Pour limiter les risques et retarder leur émergence, les utilisations ont été volontairement limitées (depuis plusieurs années) à une seule application par an, contrairement à ce qui se pratique ailleurs en Europe (Royaume-Uni, Irlande, Allemagne notamment).
Consultez la note commune Inra / Anses / ARVALIS 2018 : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Un intérêt hors de doute
Rappelons que les SDHI représentent le moyen de lutte le plus essentiel contre les maladies des céréales. Ils sont utilisés en traitement de semences et en traitement foliaire sur une large échelle, comme le précise l’article de Libération : 70 % des surfaces de blé et 80 % des surfaces d’orges en 2014 sont traitées avec des SDHI, 78 % et 80 % en 2017.
S’ils sont aussi largement utilisés, c’est précisément parce qu’ils sont particulièrement utiles pour lutter contre les maladies, transmises par les semences, mais encore plus pour lutter contre les maladies foliaires des blés et des orges. Si ces cultures n’étaient pas du tout protégées, les rendements chuteraient de plus de 20 % (-17 q/ha en blé et -15 q/ha en orge).
La maladie la plus importante contrôlée par cette famille de substances actives est de très loin la septoriose (Zymoseptoria tritici). Mais certaines substances ont capacité à contrôler également les rouilles jaune et brune, maladies également très dommageables. D’autres représentants (en cours de développement) de la famille seraient en capacité de contrôler les fusarioses dues à des champignons (F. graminearum) producteurs de toxines réglementées et donc de réduire leur teneur dans le grain et les farines et autres produits céréaliers qui en dérivent. Les SDHI sont également utilisés sur orges, où ils participent aux côtés des triazoles et des QoI(**) au contrôle de la rhyncosporiose et de la rouille naine, et en fonction de l’état de la situation des résistances, au contrôle de l’helminthosporiose, voire de la ramulariose.
Sans SDHI, l’avenir de la protection fragilisé
Sans SDHI sur blé, il faudrait alors compter presque exclusivement sur les triazoles, dont les efficacités sont déjà très affectées par la résistance. Il est certain que sans SDHI, les doses devraient alors être réévaluées à la hausse et il nous faudrait recourir davantage au chlorothalonil. Sans SDHI, les perspectives de lutte contre les fusarioses de l’épi, se limiteraient à une seule famille : les triazoles, et quasiment à deux molécules. Or leur efficacité est en baisse, c’est du moins ce que l’on observe après 10 ans d'utilisation. Se priver d’un moyen de contrôle supplémentaire (attendu), restreindrait sévèrement notre capacité à lutter efficacement contre un champignon toxinogène.
Sur orge, leur disparition nous dirigerait tout simplement vers une impasse technique notamment pour lutter contre l’ helminthosporiose, principale maladies des orges. Il faudrait recourir exclusivement aux triazoles et aux QoI, déjà affectés par les résistances et dont le développement ne pourrait que s’aggraver en fonction de l’intensité redoublée de leur utilisation.
(*) SDHI : Succinate Deshydrogenase Inhibitors
(**) QoI : Quinone Outside Inhibitors
Claude MAUMENE (ARVALIS - Institut du végétal)
Yvoir.fr le 18 avril 2018
« Potentiellement dangereux et en plus inefficaces ». C’est de cette façon que se termine l’article de libération d’hier à propos des SDHI, titré « Un nouveau danger dans nos assiettes ? » : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Potentiellement dangereux, peut-être. Encore que, après évaluation du risque, l’agence européenne (EFAS) a autorisé ces substances à la vente et considéré les risques acceptables. Mais nous ne sommes pas toxicologues !
Mais inutiles, là NON !! Certainement pas. Certes les SDHI(*) ont, comme presque toutes les familles de fongicides, été confrontés à des problèmes de résistance dont l’ampleur n’est pas encore complètement appréciée (sur orges principalement : Helminthosporium teres, Ramularia colo-cygni). Mais leur avenir est sur le plan technique très nettement devant nous. Sur blé, les résistances viennent seulement d’être détectées. Pour limiter les risques et retarder leur émergence, les utilisations ont été volontairement limitées (depuis plusieurs années) à une seule application par an, contrairement à ce qui se pratique ailleurs en Europe (Royaume-Uni, Irlande, Allemagne notamment).
Consultez la note commune Inra / Anses / ARVALIS 2018 : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Un intérêt hors de doute
Rappelons que les SDHI représentent le moyen de lutte le plus essentiel contre les maladies des céréales. Ils sont utilisés en traitement de semences et en traitement foliaire sur une large échelle, comme le précise l’article de Libération : 70 % des surfaces de blé et 80 % des surfaces d’orges en 2014 sont traitées avec des SDHI, 78 % et 80 % en 2017.
S’ils sont aussi largement utilisés, c’est précisément parce qu’ils sont particulièrement utiles pour lutter contre les maladies, transmises par les semences, mais encore plus pour lutter contre les maladies foliaires des blés et des orges. Si ces cultures n’étaient pas du tout protégées, les rendements chuteraient de plus de 20 % (-17 q/ha en blé et -15 q/ha en orge).
La maladie la plus importante contrôlée par cette famille de substances actives est de très loin la septoriose (Zymoseptoria tritici). Mais certaines substances ont capacité à contrôler également les rouilles jaune et brune, maladies également très dommageables. D’autres représentants (en cours de développement) de la famille seraient en capacité de contrôler les fusarioses dues à des champignons (F. graminearum) producteurs de toxines réglementées et donc de réduire leur teneur dans le grain et les farines et autres produits céréaliers qui en dérivent. Les SDHI sont également utilisés sur orges, où ils participent aux côtés des triazoles et des QoI(**) au contrôle de la rhyncosporiose et de la rouille naine, et en fonction de l’état de la situation des résistances, au contrôle de l’helminthosporiose, voire de la ramulariose.
Sans SDHI, l’avenir de la protection fragilisé
Sans SDHI sur blé, il faudrait alors compter presque exclusivement sur les triazoles, dont les efficacités sont déjà très affectées par la résistance. Il est certain que sans SDHI, les doses devraient alors être réévaluées à la hausse et il nous faudrait recourir davantage au chlorothalonil. Sans SDHI, les perspectives de lutte contre les fusarioses de l’épi, se limiteraient à une seule famille : les triazoles, et quasiment à deux molécules. Or leur efficacité est en baisse, c’est du moins ce que l’on observe après 10 ans d'utilisation. Se priver d’un moyen de contrôle supplémentaire (attendu), restreindrait sévèrement notre capacité à lutter efficacement contre un champignon toxinogène.
Sur orge, leur disparition nous dirigerait tout simplement vers une impasse technique notamment pour lutter contre l’ helminthosporiose, principale maladies des orges. Il faudrait recourir exclusivement aux triazoles et aux QoI, déjà affectés par les résistances et dont le développement ne pourrait que s’aggraver en fonction de l’intensité redoublée de leur utilisation.
(*) SDHI : Succinate Deshydrogenase Inhibitors
(**) QoI : Quinone Outside Inhibitors
Claude MAUMENE (ARVALIS - Institut du végétal)
Re: Inutiles les SDHI ? Certainement pas !
Libé nous sort quand un article sur le bilan écologique de l'industrie du papier et de l'imprimerie ?
lagaff3- Agrinaute hors compétition
- Age : 60
Re: Inutiles les SDHI ? Certainement pas !
SDHI : l’Anses va mettre en place un groupe d’experts dédié
19 avril 2018
Un groupe d'experts examinera les éléments publiés le 16 avril par des chercheurs sur les SDHI.
A la suite de la publication en début de semaine d’une tribune de chercheurs sur les risques potentiels pour la santé humaine des SDHI, une classe de fongicides très utilisés en agriculture, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a annoncé dans un communiqué de presse diffusé mercredi 18 avril la constitution « d’un groupe d’experts dédié qui sera chargé d’auditionner les chercheurs auteurs de l’alerte, et d’examiner les éléments évoqués ».
Ce groupe devra notamment « évaluer si des éléments nouveaux doivent être portés au niveau européen » et s’il est nécessaire de « prendre toute mesure de gestion des risques qui apparaitrait appropriée ».
L’agence précise également que les SDHI ont fait l’objet « comme l’ensemble des substances actives phytopharmaceutiques », « d’une évaluation de leur toxicité pour les mammifères ainsi que des risques potentiels que présentent leurs usages » avant leur mise sur le marché.
Elle rappelle enfin qu’elle avait été contactée par l’un des auteurs de la tribune en novembre dernier, et qu’à cette occasion elle lui avait « ouvert ses dossiers d’évaluation de la toxicité » afin « d’échanger sur toute donnée nouvelle qui serait issue de ses travaux de recherche ».
Clio RANDIMBIVOLOLONA (AGRA Presse)
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